POMPE SOLAIRE
SCHÉMA
Les populations nomades des régions sahélo-saharienes sont résoluement entrées dans un processus de modernisation qui, tout en préservant leurs fortes identités culturelles et leur économie agro-pastorale, obéit à une logique de sédentarisation. Celle-ci est mue par des velléités de préservation des plus anciens comme par le besoin de scolarisation des plus jeunes.
Paradoxalement, les enjeux de désertification, de changement climatique et d'insécurité sont tout à la fois un frein et un incubateur de ce processus.
Dès lors, les populations locales aspirent, dans ce contexte délicat, à générer une dynamique vertueuse qui, sur la base de modes de vie existants, visent à la création de micro-économies locales autour du pastoralisme tradtionnel et, maintenant, de l'agriculture. Ces aspirations raisonnent comme autant de promesses de stabilisation des zones concernées.
Dans ce contexte, l'accès à l'eau reste plus que jamais au coeur des priorités de chacun.
En aménageant des puits pastoraux grâce à une solution innovente, durable et résiliente de pompes solaires et de capacités de stockage d'eau, le programme Aman Arahmat propose d'aider les nomades des régions sahéliennes à relever ces défis climatiques et humains.
A l'origine, ce projet a été conçu par l'Observatoire Social International (OSI) début 2015 sous l'égide de sa présidente, Muriel Morin, qui, en 2018, a créé l'Organisation pour un Développement Social International (ODSI) pour mener ce programme agro-pastoral à son terme.
De la reflexion conduite dans ce cadre, est née une double conviction :
- l'aide apportée doit être perenne et s'inscrire dans une dynamique globale ;
- la popultation doit être actrice du processus.
Pour cela, l'ODSI raisonne son soutien selon trois phases (voir infra, § Phasage et Business model) :
- l'urgence : faciliter l'accès à l'eau potable ;
- la stabilisation: former puis dégager des revenus pour générer un activité économique transparente autour du pastoralisme ;
- le développement : favoriser une micro-économie agro-environnementale.
Cette dynamique n'est possible que si la population est directement impliquée. Ainsi, le recensement des points d'eau et le déploiement des stations est réalisé par et en partenariat avec des ONG locales; les stations seront administrées par des comités de gestions (COGES) élus, paritaires et dotés de statuts. Le programme inclus leur formation (écriture, comptabilité, gestion et maintenance) et leur accompagnement (dotation initiale d'un fonds de roulement et suivi).
Aujourd'hui l'ODSI peut s'enorgueillir de trois années de capitalisation d'expériences acquises notamment grâce à son projet pilote au Niger qui valide la pertinence d'un tel programme et lui confère son caractère soutenable, garant de sa spécificité et du retour sur investissement attendu par l'ensemble des parties prenantes, des populations aux partenaires financiers. En effet, cette station pilote permet aux populations de se projeter favorablement dans l'avenir : le surplus d'eau généré est déjà destiné à un usage agricole. Ainsi, s'est naturellement initié un cycle vertueux qui :
-favorise l'accès à l'emploi ;
-améliore la condition des femmes (implication dans la gestion et plus grande disponibilité par rapprochement des accès à l'eau) ;
-libère les enfants des tâches qui les soustraient à l'éducation.
C'est donc un programme agro-pastoral solide et ambitieux qui est proposé à nos partenaires et qui leur permet ainsi d'inscrire leurs engagements sociétaux dans le sillage de pas moins de neufs chapitres de l'Agenda 21.
Ce programme n'a pas la prétention de se substituer à d'autres déjà conduits par ailleurs ; bien au contraire, il vient opportunément en complément des actions entreprises par d'autres entités comme L'UNICEF, le CICR, Solidarité International ou le programme DDRK (coopération luxembourgeoise) et qui se concentrent essentiellement dans les milieux urbains.
Le programme Aman Arahmat, malgré la situation sécuritaire et avec l'accord des collectivités locales, prévoit un premier déploiement dans la région de Kidal, au nord du Mali, le long des routes de pâturages des éleveurs nomades, de vingt stations de pompages solaires avec réservoir et dotées chacune d'un COGES, paritaire, formé et accompagné. Le coût estimé s'élève à 2,5 millions d'Euros.
La stratégie mise en oeuvre tient compte des spécificités de terrain, politiques et sécuritaires.
Au coeur de cette stratégie, l'accès à l'eau en tant que denrée rare et vitale, fait consensus.
Ce postulat garantit la spécificité du programme Aman Arahmat qui est d'opérer en étroite collaboration avec toutes les parties prenantes, les populations et leurs représentants (ONG locales, associations de femmes et de jeunes, autorités institutionnelles, administratives ou coutumières, etc.) ainsi que les professionnels, techniciens et entrepreneurs locaux, dont la réputation fait consensus. En effet, chaque installation fera l'objet d'une étude de faisabilité et d'un suivi (voir infra) qui tiendra aussi compte de paramètres extra-fiannciers.
Ces collaborations et la sensibilisation des populations sont aussi primordiales car, au-delà des bénéfices sociaux escomptés, grâce à cette appropriation des matériels, les systèmes d'exhaures solaires pourront être déployés dans des zones reculées, en toute sécurité et sans risques de vendalisme.
Le matériel référencé est conçu et assemblé par la société Mascara Renewable Water dont Marc Vergnet, son président, est le conseiller technique du programme. C'est un entrepreneur expérimenté dans le domaine de l'hydraulique et des énergies renouvelables qui a su développer une véritable expertise des régions sahéliennes. Son expérience a ainsi permis de concevoir des équipements spécifiques et adaptée aux zones désertiques et d'imaginer doter chaque station de pompage solaire d'un système de télégestion.
En fournissant en temps réel, via internet, toutes les données de fonctionnement des pompes et relatives aux volumes d'eau délivrés, cette technologie assure un suivi efficace aux coordinateurs, techniciens ainsi qu'aux partenaires financiers. Grâce à une application spécifique, ces derniers pourront à leur tour, s'ils le désirent, alimenter en direct les sites internet de leurs groupes ou de leurs sociétés.
L'autonomie des capteurs, alimentés par l'énergie solaire, participe aussi de la sécurisation des équipements.
PROJET PILOTE
Niger
Un projet pilote a été réalisé dans une zone qui, pour permettre un suivi exhaustif, se devait d'être directement accessible au coordinateur de l'ODSI. Il se situe au Niger à 250km au sud d'Agadez, sur le site de Tchimbogotan.
Ce site a été identifié en collaboration étroite avec l'association nigérienne Daoud. Plusieurs missions ont été organisées auprès des autorités administratives mais aussi auprès des représentants des communautés locales.
Le forage a été réalisé à l'automne 2016 par une entreprise nigérienne ESAFOR et, après la construction de la station par la société nigérienne SNS, la mise en service du matériel a eu lieu le 27 avril 2017.
La station est aujourd'hui dotée de son système de télégestion et d'un COGES formé et comprenant une femme en son sein ; deux emplois ont été créé (gardien et technicien) ; une activité maraîchère de culture de pastèques et de grenades s'y est développée et un projet agricole de plus grande ampleur est à l'étude.
SITES
Depuis 2014, le programme Aman Arahmat a pris le temps de construire des fondations solides dont le ciment est la confiance établie avec les parties prenantes. Les belles rencontres effectuées, les recensements de puits, en 2015 et en 2017 par les ONG maliennes GARDL et SOLISA, ainsi que l'explosion de commentaires élogieux sur les réseaux sociaux qui suivirent la mise en route de la station pilote et qui traversèrent les frontières régionales, ont été l'expression d'un constat unanime : une grande attente est née au sein des populations.
100% SATISFACTION
Financièrement le programme Aman Arahmat repose sur deux phases distinctes (voir supra, § Genèse et objectifs du programme) :
- une phase d'appropriation du projet (finalisation, adoption par les bénéficiaires) ;
-une phase durable d'autonomisation financière.
La première phase correspond à la collecte de fonds qui permettra les dépenses initiales d'investissement et qui lancera ainsi le programme. Elle comprend le financement de l'achat et du déploiement du matériel ainsi que des besoins en fonds de roulement de chacun des sites pendant la durée du premier exercice.
La durée de cette phase dépend du volume de financement obtenu qui, le cas échéant, pourra se traduire en terme d'économie d'échelle (voir infra).
La deuxième phase, coeur du programme, lui confère son caractère perenne par l'autonomisation financière obtenue grâce au paiement de l'eau distribuée et à la saine gestion permise pas les formations des COGES, des fontainiers et des maintenanciers.